Jordi Inglada

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18 Feb 2015

Comment choisir sa maîtresse

Benjamin Franklin a la réponse : il faut la choisir âgée. Dans une lettre1 à un ami anonyme, il en donne 8 raisons :

  1. Grâce à leur expérience, les femmes âgées ont une conversation bien plus intéressante que les jeunes filles2.
  2. Quand les femmes cessent d'être belles, elles ont tout intérêt à être gentilles avec les hommes.
  3. Il y a moins de chances d'avoir des enfants avec elles, ce qui élimine beaucoup de soucis3.
  4. Elles sont réservées et discrètes, ce qui protège la réputation de l'homme qui ne veut pas que l'affaire soit connue4.
  5. On pourrait croire que l'âge avancé serait un inconvénient pour ce qui concerne la beauté, mais Franklin suggères que, les bipèdes commençant à vieillir par le haut du corps, il suffit d'un panier pour cacher un visage ridé. On ne peut ensuite plus faire la différence entre une jeune et une vieille.
  6. Le pêché est moindre. Se conduire de façon débauchée avec une jeune vierge peut lui ruiner la vie.
  7. Il y a moins de culpabilité à rendre un vieille femme heureuse qu'à rendre une jeune fille misérable.
  8. Et enfin, elles sont si reconnaissantes!4

Des conseils du tonnerre – comme d'habitude – de la part de l'ami Ben!

Ayant connu la foudre déchaînée5 de femmes blessées involontairement, après avoir écrit ça, je craignais pour ma sécurité physique et celle du disque dur qui héberge ce fichier. J'ai donc pensé à proposer un texte équivalent mais avec le point de vue d'une femme. Je me disais que Virginia Wolf aurait pu écrire quelque chose là-dessus, mais je n'ai rien trouvé. Dans mes recherches, je suis tombé sur des témoignages émouvants, comme par exemple celui-ci6 :

Cela fait plusieur année que mon couple ne va plus. Je frequente un club de tennis et la je suis tombée follement amoureuse de mon prof de tennis. Je suis prete a tout quitter […]

Mise à jour : La mon maris est rentre du travail il me prend trop la teteje le quitte […]

Mise à jour 2: LILI je suis actuellemnt chez une copine mon mari me cherche partout […]

Ah, ces femmes qui font tout dans leur vie sur un coup de tête! Le père Léon constatait déjà :

Pour choisir un amant, il suffit qu'on en ait envie. Et pour choisir un mari, combien le jugement serait plus sûr et plus libre, si l'on avait d'abord eu l'amant.7

Et les mots de Balzac complétaient8 :

Il est plus facile d'être amant que mari, par la raison qu'il est plus difficile d'avoir de l'esprit tous les jours que de dire de jolies choses de temps en temps.9

J'ai encore donné la parole à des hommes! Il y a aussi des femmes organisées et qui réfléchissent avant d'agir. Les conseils de professionnelles10 ne manquent pas :

La routine qui pèse sur votre couple vous pousse à chercher ailleurs de l'herbe plus verte sans pour autant quitter votre époux. Dites-vous que ce n'est pas un acte anodin et qu'il vous faudra inventer constamment des excuses. Vivre une double vie n'est pas de tout repos ! Êtes-vous réellement prête ?

Après ce type de mise en garde, les conseils n'ont rien à envier à ceux de Franklin :

Que les choses soient claires dès le début et pour les deux partenaires : votre relation n'est que charnelle. Cela ne vous empêche évidemment pas d'être avec un homme intelligent et respectueux avec qui vous avez des intérêts communs. Mais cette relation ne peut a priori pas être sentimentale.11

Ou encore mieux ici, même si on ne parle pas de panier sur la tête :

Son âge :

Plus de 18 ans, pour commencer, au cas où vous auriez un doute. Pas l'âge de votre aîné, si vous en avez un, pas non plus celui de votre aînée, ou alors ne lui présentez jamais. En dessous de 28 ans, c'est beau et ferme, mais c'est encore à l'école (et ça aime pas bien qu'on aille l'y chercher). Entre 30 et 40, c'est pas mal mais en général maqué et encore amoureux. Après 40 c'est un peu blasé, ou fraîchement divorcé. Après 50 c'est moins risqué, mais aussi moins vigoureux.

Et voici un aspect que Franklin n'avait pas pris en compte :

Pensez à vos escapades amoureuses. En période d'hiver, privilégiez les propriétaires de véhicules disposant d'un chauffage et les usagers des transports en commun. L'été, mention très bien pour les scooters et les voitures climatisées (à condition qu'il y ait des préservatifs dans la boîte à gants et pas de sièges auto à l'arrière).

Mais pas de référence aux joies de la brouette. Étonnant, non?

Footnotes:

1

J'avais découvert ce texte par hasard dans une librairie : L'art de choisir sa maîtresse et autres conseils indispensables, trad. Marie Dupin, Éd. Finitude, 2011 - ISBN 978-2-912667-95-3

2

Je confirme.

3

Pour rappel, on parle de maîtresse ici, pas d'épouse.

4

Les temps ont changé depuis Franklin.

5

Et sans paratonnerre.

6

Je garde l'orthographe originale, qui reflète bien l'état d'esprit de l'héroïne.

7

Léon Blum, Du Mariage, 1907.

8

Chez qui on croirait sentir l'aigreur du mari cocu, mais qui aurait été dans l'autre camp le plus souvent.

9

Balzac, Études analytiques : Physiologie du mariage ou Méditations de philosophie éclectique sur le bonheur et le malheur conjugal, Aphorisme XLIX, 1824–1829.

10

Professionnelles du conseil. Un peu comme ici.

11

Note to self : envoyer ça à Charlotte.

Tags: fr books philo humor life
04 Feb 2015

expert.py

L'autre jour je discutais avec mon ami Gilles sur la frustration ressentie face à des services clients qui n'en sont pas. Que ce soient des avatars appelés conseillers virtuels ou des humains qui suivent une procédure préétablie pour essayer de vous donner une réponse à une question posée, il me disait que c'est pareil. Et qu'en fait, il vaudrait mieux qu'il n'y ait pas d'humain dans le système, car ça doit être désagréable pour eux de recevoir des remarques méprisantes voire des insultes de la part des clients.

Notre conversation a dérivé vers l'idée générale d'automatisation du travail pour enfin arriver au constat que les possibilités ne se limitent pas à des tâches répétitives pour lesquelles des procédures explicites peuvent être établies. Ce qui, il y a quelques années, était encore considéré comme de la science fiction ou des utilisations de l'intelligence artificielle qui restaient au niveau de la démonstration, est en train de devenir presque banal.

Ceux qui utilisent les services de Google, Twitter ou Facebook sont maintenant habitués à la reconnaissance faciale sur les photos ou l'interprétation automatique du langage naturel pour proposer des publicités ciblées.

Plus insidieux encore est le filtrage des messages reçus (priority inbox dans Gmail ou sur les flux de messages Facebook ou Twitter) qui ne présentent que ce qui est censé les intéresser en fonction d'un ensemble de critères qui leur conviennent mais qu'ils n'ont pas choisi explicitement. Cela a rappelé Gilles des idées qu'il avait eues il y a quelques années quand il participait à des commissions de choix où siégeaient des experts. Je ne dévoilerai de quoi s'agissait-il dans ces commissions, car ce qui vient pourrait être considéré comme un manque de professionnalisme de la part des experts mais aussi de Gilles.

Je n'ai pas les éléments pour défendre les experts, mais à la décharge de mon ami Gilles, je dirais qu'il était jeune et qu'il ne se rendait pas compte des enjeux de haute importance qui y étaient traités. Dans ces commissions il s'agissait d'évaluer des dossiers. Beaucoup de dossiers en peu de temps. Souvent, le panel d'experts était composé de vrais experts, très bons, mais pas du domaine concerné. Apparemment, ceci n'était pas considéré comme un problème par les méta-experts qui organisaient les commissions.

Malheureusement, cette situation transformait les évaluations en une sorte de mélange de loterie combinée à l'inquisition où chaque expert essayait de s'en sortir sans être trop ridicule.

Au bout que quelques commissions, Gilles croyait être capable d'anticiper les réactions de la plupart des experts (ils étaient des experts professionnels et donc souvent les mêmes). La quantité de dossiers à évaluer poussait les experts à faire très vite et malheureusement à bâcler le travail. La plupart fonctionnaient en pilotage automatique. Ceci désespérait Gilles. J'ai d'autres amis qui auraient eu envie de frapper certains des experts, mais l'ami dont il est question ici n'est pas un garçon violent. Il est plutôt passionné d'informatique et donc sa frustration vis-à-vis des experts s'est traduite par une envie de les remplacer par des algorithmes. En séance, il regardait les experts et voyait des logigrammes.

La frustration augmentant, ces logigrammes sont devenus du pseudo-code. Et de là, il n'a pas pu s'empêcher de franchir le pas et de coder chaque expert en séance. Il a fait de l'eXtreme programming en temps réel. Il est comme ça, mon ami : ce sont les méthodes à Gilles.

Certains des experts étaient parfaitement clairs ordonnés et élégants. Ils les remplaçait par un script Python. D'autres faisaient beaucoup attention à la forme et peu au fond des dossiers, ils devenaient des classes Ruby.

Certains, on le voyait, avaient été comme cela, mais appartenaient à une autre époque. Ils méritaient du Java. D'autres étaient, malgré tout efficaces, mais parfois difficiles à suivre. Il leur accordait du C++. D'autres étaient rapidement débordés dès qu'ils avaient plusieurs dossiers à traiter. Ils finissaient en script Matlab.

D'autres, avaient une telle mémoire des dossiers qu'ils avaient traités pendant des années, qu'il fallait les remplacer par du SQL. D'autres étaient incompréhensibles, désordonnés, embrouillés. Ils méritaient à peine un peu de Perl, voir de l'awk et il avait envie de les envoyer vers /dev/null.

Il était déçu de ne jamais avoir pu se servir du Lisp, qu'il réservait pour le jour où il croiserait un expert qui se conduirait de façon élégante, intelligente et iconoclaste, mais juste.

Gilles a beaucoup mûri professionnellement et a fait reconnaître ses compétences. D'ingénieur junior il est passé architecte, puis chef de projet. Il a récemment atteint la sublimation et a été nommé responsable technico-commercial.

Tags: fr humor programming rant
16 Jan 2012

On Exactitude in Science

From Wikipedia: "Del rigor en la ciencia" is a one-paragraph short story by Jorge Luis Borges, about the map/territory relation, written in the form of a literary forgery.

The story elaborates on a concept in Lewis Carroll's Sylvie and Bruno Concluded: a fictional map that had "the scale of a mile to the mile." One of Carroll's characters notes some practical difficulties with this map and states that "we now use the country itself, as its own map, and I assure you it does nearly as well."

Well, this story makes me think about what is starting to happen with remote sensing image data. With the increase in resolutions (spatial, spectral and temporal) the volume of data we have to store is increasing steadily.

Some colleagues at the lab were saying the other day that SMOS is generating something like 11 Tera bytes per year. And SMOS has a resolution of 40 km.! Just think about what it's going to be to have to store Sentinel-2 data.

We may be coming to the situation where data centers (the buildings) start covering a good percentage of the images themselves!

Just kidding! Or maybe not …

Tags: Humor Remote Sensing
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